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Conférence AADM : Jeudi de la défense, 10 novembre 2005 

La criminalité et la toxicomanie sont fréquemment deux comportements indissociables. En raison d’une dépendance aux substances psychotropes, souvent les plus astreignantes, le délinquant se trouve à commettre des délits dans le but de financer cette dispendieuse accoutumance. Les statistiques prévalantes indiquent qu’entre le quart et la moitié de la population carcérale au Canada serait au prise avec des problèmes d’alcoolisme ou de toxicomanie, d’où l’importance du besoin de réhabilitation et du traitement du toxicomane pour contrer la source de ce marasme social.

Pour répondre à cet objectif, il existe une panoplie de ressources disponibles aux délinquants, notamment les divers centres de thérapies qui peuvent venir en aide aux toxicomanes. Lors du Jeudi de la défense du 10 novembre dernier, l’Association des avocats de la défense de Montréal a invité six organismes à faire une présentation de leurs programmes et services.

Maison Carignan 

MM. Marcel Gignac et Michel Lebay, agents de liaison de la Maison Carignan, sont venus présenter l’historique ainsi que le fonctionnement de leur centre. La Maison Carignan est une maison de thérapie en interne pour hommes et femmes située à Trois-Rivières. Elle offre un programme de six mois, qui s’effectuent en cinq étapes de cinq semaines chacune. La découverte de soi étant une philosophie centrale, leur modèle thérapeutique psychosocial préconise le développement du potentiel de l’individu, de sa capacité de résoudre ses problèmes ainsi que sa prise en charge.

Fondée en 1989 par m. Yvon Carignan, lui-même un réhabilité d’une dépendance aux psychotropes, la Maison Carignan offre ses services par l’entremise de cinq agents de liaison. Ces derniers, étant pour la plupart formés en psychologie ou en sociologie, assurent les relations avec les avocats, les tribunaux ainsi que les institutions du ministère de la Sécurité publique et des services correctionnelles.

En ce qui a trait à la clientèle, une majorité des résidants sont de sexe masculin, âgés entre 18 et 30 ans, et résident dans la grande région de Montréal. Les tribunaux leur acheminent environ 50% des résidants, l’autre moitié provenant du milieu du travail. Consciente du grand pourcentage de toxicomanes avec un faible niveau de scolarité, la Maison Carignan offre des cours de niveau secondaire à ceux qui désirent améliorer leurs chances d’accéder au marché du travail. La maison administre également un programme de Méthadone sous surveillance médicale.

Maison l’Envolée 

Instituée en 1996, la Maison l’Envolée est un centre de thérapie fermé pour hommes seulement, situé à St-Hugues près de St-Hyacinthe. Par l’analyse du mode de vie du résidant, la maison, par des moyens concrets, vise à ce que la personne effectue une prise responsable de soi et qu’elle entrevoit l’espoir et la possibilité d’une vie nouvelle.

La criminologue, Mme Amélie Lemieux, explique qu’il s’agit d’un programme d’une durée d’environ cinq mois qui comporte trois étapes, la première étant la reconnaissance des problèmes et la gestion des émotions. Cette étape mise sur l’unicité du groupe ainsi que l’adaptation à la maison et ses règlements. La deuxième étape met l’emphase sur la découverte de soi en cherchant à faire reconnaître les complexes, les mécanismes de défense et les traits de personnalité de l’individu. La dernière étape constitue une prévention structurée de la rechute visant à suggérer un plan de sortie et à assister à la réinsertion sociale du délinquant.

Un programme de réinsertion sociale est offert aux clients qui souhaitent prolonger leur encadrement ou pour qui un besoin d’hébergement est nécessaire. Une maison à St-Hyacinthe est allouée à cette fin et permet aux résidants de s’éloigner des tentations de la grande ville. La maison offre également un programme court de 21 jours, basé sur la prévention des rechutes avec un intervenant privé, une thérapie axée sur les travailleurs du milieu professionnel.

Villa de la Paix 

Créée en 1996, la Villa de la Paix est un centre de thérapie qui se spécialise notamment dans l’intervention en alcoolisme, toxicomanie et autres dépendances. Les services de la Villa de la Paix visent la population adulte masculine aux prises avec de tels problèmes en leur offrant un stage de réhabilitation avec hébergement. Leur but consiste à guider ceux-ci vers une nouvelle autonomie et une responsabilisation d’eux-mêmes. La seule condition d’admission est d’avoir le désir d’arrêter de consommer.

M. Alain Ross, responsable des relations publiques et intervenant, est venu exposer le fonctionnement de la Villa de la Paix. La maison offre un programme qui dure entre trois à six mois, qui ne comporte pas de grandes étapes et qui suit le modèle employé par Alcoolique Anonyme. Utilisant une approche douce et sans confrontation, la maison intègre le nouveau résidant comme s’il était le plus ancien, en lui assignant la tâche de donner un coup de main aux autres nouveaux arrivés.

Établi sur un site offrant la tranquillité en pleine nature, la Villa de la Paix est fière d’annoncer qu’environ 80 % de leurs clients finissent leur programme avec succès. N’étant pas un organisme accrédité pour l’instant, la maison reçoit une grande majorité de sa clientèle sur une base volontaire.

Centre Dollard-Cormier 

Le Centre Dollard-Cormier est un centre public de réadaptation de la région de Montréal qui offre des services spécialisés en toxicomanie et en jeu excessif. L’organisme est régi par la loi de la santé et services sociaux et la loi sur la confidentialité. Il doit son nom à Dollard Cormier, professeur de l’Université de Montréal, qui a créé en 1970 le premier laboratoire universitaire de recherche sur l’alcoolisme et les toxicomanies.

Mme Natacha Charbonneau du Centre Dollard-Cormier énonce que les critères d’admissibilité sont d’avoir une adresse sur l’île de Montréal et de démontrer un problème d’abus ou de dépendance aux substances ou au jeu. Il existe plusieurs portes d’entrée aux services du centre. Dollard-Cormier offre principalement un suivi en externe, quoiqu’un programme en interne pour désintoxication est disponible ainsi

qu’une urgence triage (pour crise en lien avec la toxicomanie). Dix places cependant sont réservées à cette dernière, le client pouvant être gardé jusqu’à 48 heures, pour ensuite être priorisé pour une place en désintoxication à partir de l’urgence.

« La question est de reconnaître si l’individu a un problème de consommation et à savoir si la personne désire de l’aide. » Mme Charbonneau ajoute que même si la seule motivation du client est de respecter des conditions données par la cour, le Centre Dollard Cormier peut l’accepter néanmoins. L‘individu est orienté à un criminologue et un travailleur social pour une contre-thérapie qui peut se jouer entre une à quatre rencontres, ceci dans le but d’expliquer la nature de la démarche thérapeutique et de tenter de faire émerger une réelle demande. Si le client ne se mobilise pas suite à ces rencontres, il peut être dirigé vers des groupes de rencontre pour lui faire reconnaître son problème. Le client est ensuite redirigé au criminologue et sociologue pour une réévaluation du sérieux de sa demande.

Les clients à haut risque, suicidaires ou à violence ont accès à un criminologue et psychologue sur place. De plus, le centre est disposé à envoyer des intervenants témoigner en cour si cela peut avantager le client.

Couple Option 

Bien que la grande majorité des centres de thérapie soient axés sur les problèmes de toxicomanie, il existe également des programmes qui répondent aux autres besoins du délinquant qui sont souvent sous-jacents.

Pour les problèmes de violence conjugale, il y a le centre Couple Option, un organisme qui vient en aide aux hommes qui sont aux prises avec des réactions violentes en milieu conjugal ou familial. Mme Denise Tassé, travailleuse sociale de formation, explique que les hommes se sensibilisent de plus en plus à la thérapie et la clientèle devient de plus en plus jeune.

Le programme est effectué à l’externe et consiste en 21 rencontres à compléter. Parfois, la conjointe du client est rencontrée pour voir les choses de façon plus approfondie. Les séances sont toujours effectuées par deux thérapeutes, soit un homme et une femme, un qui confronte et l’autre qui soutient avec inversement des rôles.

Le coût pour chaque rencontre se calcule à 5 % du revenu hebdomadaire brut du client. Le centre n’envoie pas d’intervenant témoigner en cour, mais des lettres qui font état du progrès du client peuvent être rédigées à cette fin.

Le Groupe Amorce

Le Groupe Amorce intervient auprès des hommes ayant un comportement pédophilique et incestueux. Édifié en 1992, l’organisme fonctionne à temps partiel et offre ces services uniquement à l’externe. L’aide thérapeutique est orienté dans le but de développer la responsabilisation des comportements du délinquant et la prévention des récidives.

Mme Claire Dechamboux, directrice du Groupe Amorce, explique qu’au niveau de l’admissibilité, une reconnaissance minimale suffit : « la petite ouverture qui se manifeste peut admettre l’individu au programme.» Mme Dechamboux ajoute que les clients qui souffrent de troubles de santé mentale et de toxicomanie sont acceptés à la condition qu’ils soient traités ailleurs pour ces problèmes. Pour être admis, le client doit passer deux entrevues. Suite à cette étape préliminaire, les cas refusés sont rarissimes.

Une fois admis, le client intègre un groupe d’accueil et ce, pour une durée de six semaines. Cette période permet au délinquant de reconnaître son délit et de se familiariser avec le fonctionnement d’un groupe de thérapie. Avec le client, l’intervenant dresse les objectifs de sa démarche thérapeutique. Par la suite, le client intègre un groupe d’entraide qui lui assure un suivi hebdomadaire durant l’année entière. Le groupe permet de toucher à tous les problèmes connexes à la pédophilie pour assurer un traitement intégral.

Ayant toujours deux intervenants pour chaque groupe, la thérapie collective dure 46 semaines. Un des objectifs principaux à ce stade est d’aborder la sexualité dans le but d’annuler les fausses croyances du délinquant, comme par exemple, la croyance que les enfants lui font des avances. Le groupe d’entraide tient également à développer chez le client l’empathie aux familles et aux victimes, en lui démontrant les conséquences de ces gestes.

Avant que le client puisse compléter le programme avec succès, il doit passer à travers la dernière étape qui consiste à une évaluation du risque de récidive et à une recherche des sources qui peuvent déclencher ce type de comportement. Environ 80 % des clients du Groupe Amorce réussissent le programme avec un taux de récidive qui se situe entre 10 à 15%.

Pour de plus amples renseignements sur les services offerts par les centres de thérapie mentionnés :

http://www.maisoncarignan.qc.ca/

http://www.centredollardcormier.qc.ca/

http://www.villadelapaix.ca/

http://www.groupeamorce.com

http://www.optionalternative.ca

http://lenvolee.ca

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